Drone

Les drones sont-ils faits pour livrer des organes ?

Pour la première fois, un rein a été livré par un drone à Baltimore aux États-Unis en vue d’une greffe d’organe. Le vol d’une dizaine de minutes a transporté l’organe à 120 mètres de haut sur une distance d’environ 4,5 kilomètres. À l’occasion de cette livraison spéciale, des autorisations spéciales de survol ont été prises et la circulation a été coupée dans les rues qui traversaient le trajet de l’engin. La livraison s’est déroulée sans encombre et l’opération de greffe a bien pu avoir lieu. Au delà du caractère exceptionnel de cette première, les livraisons d’organes par drones peuvent ils se généraliser à l’avenir ?

drone ingénieur

Quel trajet un drone peut-il réaliser avec un organe ?

Pour réaliser une greffe, l’organe doit réaliser un trajet d’hôpital à hôpital. Les prélèvements sont toujours réalisés dans un établissement médical. « En l’absence d’opposition du défunt, des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie sont effectués à l’hôpital pour évaluer la qualité des organes et des tissus et trouver les receveurs compatibles avec la personne décédée. » En effet, tous les drones ne peuvent pas effectuer ce genre de missions. Celui utilisé à Baltimore est du modèle DJI Matrice 600 Pro, un modèle suffisamment robuste pour emporter dans les airs pendant 18 minutes la charge de 6 kilos que représentait cet organe son emballage.

Une performance dont aurait été incapable un drone de loisir dont la capacité d’emport se limite à quelques centaines de grammes (généralement le poids de la caméra) pendant une vingtaine de minutes. « Les drones de loisir n’ont pas les capacités nécessaires au contraire des drones professionnels » confirme Thierry Vallat, avocat au bureau de Paris et expert en matière de drones.

Bien que le rayon d’action de ces machines volantes soit limité à environ 5 kilomètres, notamment du fait de la portée du signal radio avec la télécommande de l’opérateur, « pour autant, le drone peut tout de même constituer une alternative à l’utilisation de l’hélicoptère« , estime le spécialiste. L’hôpital n’a pas communiqué le prix qu’a coûté cette livraison. 

Il y a-t-il des risques ?

Si cette expérience reste la première dans le cadre d’une livraison d’organes, d’autres tests de livraisons médicales avec des produits de santé avaient déjà eu lieu, dont une en France, qui n’avait pas été fructueuse. « Il existe des cas où ça ne marche pas. Il y a quelques années, le CHU de Bordeaux avait fait un test avec une poche de sang livrée grâce à un drone. Mais lors de cette expérience malencontreuse, le drone avant percuté un pont et s’était écrasé contre le pilier du pont« , explique Thierry Vallat. Vent faible, bonne visibilité, autonomie suffisante, les conditions pour que les livraisons se déroulent sans encombre restent nombreuses.

Un intérêt pour la France ?

En France, les réseaux de transports dédiés au don d’organes sont déjà bien organisés. « Les organes sont conditionnés à 4°C dans des conteneurs spécifiques, puis transportés, très rapidement vers les hôpitaux où auront lieu les greffes. Le moyen de transport le plus adapté est utilisé: ambulance, train, avion…« , explique l’Agence de la Biomédecine.

« Le transport d’organes par drones pourrait être envisagé à l’avenir, même si cela suppose de lever un certain nombre de difficultés et de sécuriser davantage ce mode de transport. Mais pour l’heure, le transport de greffons en France bénéficie de partenariats gracieux et très efficaces avec Air France et la SNCF », explique une porte-parole de l’Agence à Sciences et Avenir.

Sur la route, pour éviter les bouchons ou les routes congestionnées, les livraisons d’organes sont encadrées par une escorte policière. D’autant que pour certains types de greffe, comme le cœur ou les poumons, l’équipe qui a prélevé le cœur sera aussi l’équipe qui le greffera au receveur. Il n’y a donc aucun intérêt que l’organe arrive avant l’équipe médicale. Un problème qui ne se pose pas pour les greffes de cornée, d’os, d’artères, de veines, de peau, ou de valves cardiaques dans la mesure où « les tissus sont, quant à eux, conservés dans des banques qui en gèrent la distribution. »

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